Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
|Garez vos neurones à l'entrée|
|Garez vos neurones à l'entrée|
Publicité
14 avril 2007

| Contes de Perrault - Réalisme |

[non corrigé]

Réalisme

Sans avoir pour but premier de raconter de témoigner de son époque, Perrault présente dans ces contes de nombreux indices de ce qui fit son siècle.
Concernant le réalisme, Perrault joue déjà sur la prétendue véracité de ses contes, un peu à la manière de Diderot plus tard, en se présentant comme simple rapporteur de faits (comme lorsqu’il présente deux versions de la fin du Petit poucet, le discret « l’histoire n’en dit pourtant rien » p 95 ou p 63 à propos de ce qui est dit de la bague). On peut expliquer ces ambiguïtés par son désir de conter des récits qui ne choquent pas la vraisemblance, pour permettre à ses lecteurs (ou auditeurs) de se reconnaître dans chaque histoire, ce qui peut paraître quelque peu paradoxal si on considère la place monumentale du féerique et de l’imaginaire au sein de ses récits.
Mais ce qui est particulièrement intéressant, c’est le témoignage d’une époque bien différente de la nôtre, bien qu’il ne s’agisse bien souvent que de détails involontaires livrés au lecteur sans intention cachée. C’est donc à travers les personnages représentatifs et le contexte dans lequel ils évoluent que l’on étudiera la place du réalisme dans les Contes de Perrault.

A) Des personnages reflétant les grandes figures sociales du XVIIe siècle

1) Les nobles

Les personnages les plus représentés dans les contes de Perrault sont, avec les paysans, les nobles et les aristocrates. Les princes, princesses et autres rois sont en effet largement représentés, accompagnés de leur ribambelle de sujets, par exemple les cuisiniers, formant ainsi une cour toute semblable à celle de Louis XIV à l’époque. On note également de nombreux titres utilisés à travers les contes, comme le « marquis » de Barabas dans le Chat Botté que Perrault remplacera par inadvertance par « comte ». 
La richesse de ces personnages est très largement exposée, les détails qui font référence à leurs occupations ponctuent les récits : bal tant attendu par ces dames, chasse appréciée par ses messieurs (et bienheureuse pour le prince de Grisélidis, par exemple), conseil d’ordre politique pour le roi…

2) Le clergé

Le clergé est, malgré sa présence importante à l’époque, très peu représenté dans les contes, et quand il l’est, c’est pas des personnages mineurs à peine cités. On relève un « curé » dans Peau d’Ane, un « aumônier » dans La belle au bois dormant pour les mariages, et une « abbesse » chargée de l’éducation de la fille de la pauvre Grisélidis, cette forme d’éducation étant assez répandue à l’époque, du fait de la rigueur et des valeurs morales que les nonnes se donnent le soin d’inculquer aux enfants qui leur sont confiés.
Même si Perrault ne fait pas de ces personnages des grandes figures, il ne s’empêche pas de glisser une remarque sur le curé de Peau d’Ane, vraisemblablement réputé pour sa gourmandise…

3) Le Tiers-état

Tout comme les nobles, les gens du peuple ont leur place dans les contes de Perrault. Ce choix peut-être justifié par le fait que Perrault ne vise pas exclusivement l’élite par ses récits, et qu’il s’adresse tout aussi bien aux plus modestes, qui se voient enfin concernés par la littérature, jadis réservée aux grandes figures.
On distingue d’une part les personnalités de la cour, comme les gardes ou les cuisiniers, ou encore les artisans chargés de fabriquer les robes de Peau d’Ane ; d’autre part les hommes qui n’ont rien à voir avec la famille royale, comme le bûcheron des Souhaits Ridicules, la famille du Petit Poucet, la bergère de Grisélidis, les paysans du Chat Botté
La dépendance de ces paysans à un grand seigneur (l’ogre) qui possède toutes les terres est d’ailleurs mentionnée.


4) Des classes sociales bien démarquées

On évoquait la dépendance des paysans aux plus riches. La différence entre la famille du Petit Poucet contrainte d’abandonner les sept enfants dans la forêt par manque d’argent et les grandes familles royales de Peau d’Ane, Grisélidis ou la Belle au Bois Dormant ne fait que renforcer l’idée que les inégalités sociales ne sont pas des caractéristiques propres à notre époque, et que cet écart était particulièrement marqué à l’époque.
Pour accentuer cette catégorisation des personnages, Perrault n’accorde des prénoms qu’à très peu de ses personnages, préférant les qualificatifs généraux (« le bûcheron », « les faucheux », « la princesse ») ou les sobriquets (« Riquet la houppe », « Cendrillon »). Lorsque ces personnages ont un prénom, il colle à leur condition sociale ; ainsi les enfants de la Belle au Bois Dormant se nomment-ils Aurore et Jour, et les personnages plus modestes sont-ils appelés Fanchon, Javotte, Blaise ou Guillaume (voir p 156).



B) Des détails discrets qui en disent beaucoup

Sans doute parfois sans véritable intention, Perrault disperse dans ses contes des petites indications qui révèlent les us et coutumes de sa société.

1) La référence aux habitudes des nobles


Dans Peau d’Ane, on relève par exemple des références à la cour du roi, le château décrit fait référence à Versailles par sa splendeur et sa richesse, une image idéalisée est décrite pour mettre le roi et ses possessions en valeur (superlatif  « le plus grand roi »…). L’agitation qui règne au château peut également se rattacher à Versailles, puisque la cour ne comptait pas moins de 20 000 personnes.
La puissance du roi par rapport à ses sujets est particulièrement mise en exergue, comme par exemple avec les artisans se hâtant de confectionner les somptueuses robes de Peau d’Ane dans les délais imposés.
Les divertissements des aristocrates sont également mentionnés, avec le bal dans Cendrillon. La hâte et l’état d’excitation dans lequel se trouvent ses deux sœurs révèlent l’importance que ces grands rassemblements avaient à l’époque, il s’agissait de se montrer sous son plus beau jour pour plaire aux plus hautes figures présentes là-bas, car n’étaient conviées que les plus grandes personnalités du moment. (ex : « On ne parlait que de la manière dont on s’habillerait »). 
Cet aspect superficiel est courant à l’époque, surtout avec le courant précieux. Ainsi, lorsque Perrault parle de mouches, de coiffures élaborées, de corsets serrés à l’extrême (« on rompit plus de douze lacets à force de les serrer » p 159), il n’exagère qu’à peine, puisque l’apparence était extrêmement importante, surtout dans le milieu élitiste. La mode est la passion, spontanée ou forcée, de ces dames obsédées par leur image, on note que même le lit des sœurs de Cendrillon est « à la mode ». On peut également relever l’allusion humoristique au « collet » monté à la mode sous Médicis, que porte la Belle au Bois dormant en se réveillant, collet particulièrement démodé cent ans plus tard.
Comme la mode, le langage est particulièrement soigné à l’époque, Perrault y fait référence avec le « doux parler », qui, même s’il ne fait pas directement référence aux précieuses, le rappelle néanmoins. Dans Les Fées, le langage traduit la générosité – ou pas – des deux jeunes filles, l’une récompensée, l’autre punie.
D’autres indices peuvent être relevés, comme la chasse qui passionne le prince de Grisélidis, ou le symbole récurrent des bottes, représentant l’aristocratie et permettant une reconnaissance sociale, tant dans le Chat Botté où le chat peut grâce à elles être reçu et cru par le roi et l’ogre, que dans le Petit Poucet où le plus jeune des sept frères prouve sa hardiesse en dérobant les bottes de sept lieues à l’ogre.
Enfin, on peut s’intéresser aux plus petits détails, à peine mentionnés, comme le pour boire offert par le roi au chat, qui fait référence aux petites récompenses qu’on offrait aux valets pour les remercier d’un service ; ou bien à Barbe Bleue qui pourrait faire référence à Gilles de Rais, connu pour ses crimes sous le même sobriquet, il a notamment commandité l’exécution de Jeanne d’Arc (voir p 116) ; ou encore aux « collations » parfois mentionnées, encore en référence à l’abondance de nourriture et les grands buffets caractérisant les fêtes et réunions des nobles ; ou au petit détail du bonnet à queue de fourrure de renard sur l’oreille du cuisinier de Grisélidis.


2) La condition des plus pauvres

Le monde rural est toujours présenté comme étant soumis aux plus riches, comme nous avons pu le dire précédemment. Les conditions de travail des paysans sont rudes : l’eau est souvent loin des villages, ce sont donc les jeunes filles qui sont la plupart du temps de corvée pour aller la chercher dans de grandes cruches (ex : Les fées) ; les enfants sont les premiers à souffrir des famines fréquentes, et comme chaque famille compte en général un grand nombre d’enfants, il est difficile de subvenir aux besoins de tous, surtout les filles qui avant d’être mariées ne pouvaient pas se gérer financièrement.
Les paysans méprisés, par exemple dans Peau d’Ane où toute la cour se rit de la princesse souillon. Cependant, ce déguisement ne lui retire pas sa valeur morale (bien que discutable), Perrault se place donc en défenseur des petites gens, qui ne sont pas pour autant dénués d’esprit, de bon sens et de bonté. Ainsi les parents du petit Poucet regrettent-ils leur geste (surtout la mère), les habitations (« cabane »), sont humbles mais propres (p 321), la bergère Grisélidis séduit le prince par sa simplicité…
Cela dit, les pauvres ne peuvent se contenter de leurs valeurs morales, aussi valeureuses soient-elles, et le « marquis de Barabas » n’a qu’une ambition : celle de réellement acquérir un grand titre et d’être reconnu par les plus grands.

3) Les évènements de l’époque

Voilà une liste des inclassables :
- La deuxième version de la fin du Petit Poucet mérite d’être relevée, puisqu’elle pourrait faire référence à la guerre qui vient de s’achever à la parution des Contes.
- On relève deux références à la médecine telle qu’elle était perçue à l’époque, p 324 et 329.


Pour conclure, Perrault offre au détour de ses contes un petit aperçu de l’époque dans laquelle il évolue, témoignage assez original d’un temps que l’on a pas connu, qui sera d’ailleurs pas mal critiqué à l’auteur, mais j’ai choisi de mettre la satire dans la partie qui traite du comique.


Publicité
Publicité
Commentaires
K
Merci beaucoup, ton blog est super bien fait et super utile!! Je suis en terminale L et tout ce que tu écris sur les contes de Perrault est 1o fois plus intéressant que ce que raconte ma prof! Merci beaucoup, continue! ^^
B
grâce a toi j'ai pu finir mon exposé alors merci beaucoup!
Publicité