| Philo - La conscience |
Conscience
Définition :
- Représentation, perception immédiate plus ou moins claire par le sujet de ce
qui se passe en lui ou hors de lui, de ses actes, sensations et pensées.
- Jugement pratique > Le sujet distingue le Bien du Mal et apprécie ses
actes et ceux d’autrui de façon morale (conscience
morale)
- Conscient : lié aux actes et états du sujet qui les perçoit, le plus
souvent par la réflexion.
- Assumer en connaissance de cause la responsabilité
de ses actes.
Distinctions :
- Conscience psychologique > Aperception de ce qui est en et hors du sujet
- Conscience spontanée > Impression première éprouvée par le sujet de ses
états psychiques
- Conscience réfléchie > Retour du sujet sur la conscience spontanée
- Champ de conscience > Ensemble des faits psychiques présents à la
conscience
- Courant de conscience > « Durée » de Bergson, = déroulement incessant
des faits psychiques
- Conscience de soi > Sentiment de la personnalité
- Conscience morale > Appréciation des actes par le prisme de la morale
- Bonne conscience > Sentiment fondé (ou non) d’avoir adopté la bonne
conduite
- Mauvaise conscience > Malaise moral, regrets, remords, d’une action ou d’une
non-action
- Inconscience(= être privé de conscience, comme quand on est dans le coma, ou
ignorance, comme quand on est inconscient d’un danger) # l’inconscient
Idées clés :
- La conscience permet à l’homme non seulement d’être « dans » le
monde, mais aussi d’être « devant » le monde, qu’il se donne à
connaître, comprendre, juger, transformer > Mise à distance du monde,
séparation opérée grâce à la conscience + mise à distance entre lui et lui-même :
la conscience de lui, de ses pensées et de ses actes, le fait tendre vers le « être
soi » >> Ambivalence : l’homme est au dessus des autres êtres
vivants (conscience = propre de l’homme), mais cette même conscience l’arrache
de l’innocence et lui fait connaître la misère (doute, questionnement, fait de
négliger le présent – v. Pascal).
- Conscience = condition de vie de la philosophie, car concerne l’examen, la
remise en question des savoirs, certitudes, même si le résultat est qu’on ne
sait rien > cette ignorance est consciente.
- Avoir conscience d’exister (« Je pense, donc je suis ») # savoir qui on est. Conscience de
soi = « je » # connaissance de soi = « moi », moi = identité, stabilité
dans la diversité des pensées (« moi » pense, doute, reformule),
unité des représentations extérieures ou de nos propres représentations.
- Conscience du monde implique conscience de soi : le sujet ne se
reconnaît dans ses actes (ou dans le monde) que s’il se sent présent en eux (ou
en lui), conscience renvoie à tout ce qui n’est pas elle, même si les choses
lui sont liées (ex : passé).
- Conscience = projet, intentionnalité, être conscient = être présent dans le
monde qui est alors un sens à réaliser
plus qu’un spectacle à contempler.
- Penseurs modernes (Nietzsche, Freud) voient la conscience comme source d’illusions,
la conscience ne détient pas la vérité.
Auteurs :
Montaigne > L’homme devient de
plus en plus savant, mais pas de mieux en mieux, car la conscience et l’entendement
restent vides, et notre savoir que l’on transmet avec fierté, est en fait
inutile, puisqu’il ne vise pas la vertu.
Descartes > La pensée se définit
par la conscience (savoir immédiat de soi-même, // volonté, imagination, entendement).
Descartes > La nature
(venant de Dieu) manifeste une vérité que confirment mes sentiments, mon corps
(douleur, faim, soif). L’âme est étroitement liée, voire confondue
avec le corps : la conscience ne peut nier la douleur du corps, et la
ressent/perçoit comme lui. Sentiments = façon confuse de penser issue de l’union
étroite de la conscience et du corps.
Pascal (v. Bergson) > L’homme ne
sait pas saisir le présent, il regrette le passé et hâte le futur, alors qu’aucun
des deux ne lui appartient, et aucun des deux ne peut être changé,
contrairement au présent, car le présent nous est pénible, et quand il est
agréable, on regrette de devoir l’abandonner. On mise donc sur l’avenir qui est
hors de notre contrôle. « Nous ne vivons jamais, mais nous espérons de
vivre » > La conscience et la pensée apportent la misère à l’homme car toujours
en avant ou en arrière d’elle-même.
Bergson > Conscience = mémoire,
car une conscience qui oublie son passé ne pourrait perdurer. Conscience =
mouvement de la pensée ver le futur, par le projet, et l’action. Conscience =
lien, trait d’union entre le passé et l’avenir, le retenu et l’anticipé.
Présent = limite entre passé et avenir.
Rousseau > La notion de Bien et
de Mal est universelle. Même avec les dieux gréco-romains accablés de vice, l’homme
a su garder un instinct moral qui repoussait leurs commandements > L’homme
possède donc un principe inné (donné par Dieu) de vertu, que l’on nomme
conscience et qui se manifeste par les sentiments, reflet intérieur des idées
extérieures. « La conscience morale est un juge infaillible du Bien et du
Mal » > Source des valeurs, transcende le règne animal.
Kant > La conscience du « je »
élève l’homme au dessus des animaux car cela lui permet de devenir une personne.
« Je » est un acte de l’entendement (pensée par concepts, première
forme de pensée). L’enfant parle d’abord à la 3e personne avant de
dire « je ». Il se « pense » plutôt qu’il ne se « sent »,
il prend conscience de son unicité dans le monde.
Hegel > L’homme a une double existence grâce à
sa conscience : existence dans la nature, et existence pour soi (contemplation et pensée de soi). Conscience
de soi acquise de deux façons : cogito théorique (ou spéculatif) = retour
sur elle-même de la pensée, puis cogito pratique = l’homme devient actif pour
se connaître en agissant dans le monde ou en lui-même.
Nietzsche > Corps > conscience, car conscience mène à confusions et erreurs, c’est un
instrument inachevé, un organe qui n’a rien de louable > Conscient est d’importance
secondaire, même s’il nous est proche, il n’en est pas plus important.
Freud > Sur-moi (= intériorisation des interdits parentaux)
censure le Moi par la conscience morale (saisie du Bien et du Mal). Sentiment
de culpabilité = résultat de la tension entre les exigences du Sur-moi et les
tendances du Moi, il est donc le reflet de la sévérité de la conscience morale.